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Multivers

Jean Marc Flahaut

Pre-face, portfolio on youth in Bad to the Bone Magazine
Translation by Kate Moses


In science, a multiverse is a hypothetical set of possible universes.

Multiverse. Flashes of youth. They are not. Never have been the center of the universe. Never will be. And yet. Multiverse. Flashes of youth. Fragments of twinkling meteorites in outer space. They have the same doubts. Wonder why. The same fears. They move at the speed of light. Often get the wrong the orbit, trajectory and coordinates. Continually make the same calculations, the same errors and the same journey. Start to feel time drag from the pod of their rocket. And tell themselves that in the end, everything’s still the same. They occupy the same places, the same transitional spaces. They are drawn magnetically to the religious fervor of big cities. Attracted by the emptiness and confusion. There’s the girl coming out of a trendy nightclub in the Södermalm district. Who came to connect with everything. And who wants nothing more than to get fired up, release all this energy on nothing useful. And the boy who works seven days a week as a commis chef in the back of a restaurant in Thessaloniki. There’s the young man contemplating the sunset on Vridi beach, full of hope. And the young woman shouting, “Fuck you, Christopher Columbus!” at the end of a concert. The man hanging on to a woman like dirt on the hull of a boat. Invading her privacy. Colonizing her with his fading love. And the boy walking through the school with his head down and his hands in his pockets for fear of falling in love.

The teenagers missing being on holiday, and the blue sky of Calvi behind the disgusting windscreen of a car parked in a supermarket lot. And those who skip school from the start of high school before ending up not going at all. Because they can’t stop playing. And winning a hand or even getting to the next level is very gratifying. There’s the girl who wants to erase every criticism. Who wants her parents to be proud of her. Who wants to prove to the world that she is not a loser, and who refuses to wash dishes, sweep up or unblock the toilets. The girl who pictures herself as a shop worker, veterinarian, lawyer, hairdresser or secretary. And the dreamers who don’t want to leave their bedrooms, their beds, their books and their own worlds. The lovers who fall asleep in each other’s arms and wake a few hours later than everyone else. Those who make music and sell it on the streets as if unloading coke in broad daylight. Play > And those who are not fans of what they’re doing because they’re wearing a uniform. The kid who has to take three buses and walk a good kilometer to get to work. The loner who has been beaten up and insulted for months online without anyone caring. The guy who lives by night. And sleeps by day. In a tricolor town with a worse reputation than him. She who breaks every rule and challenges every authority and hangs out all day in the park near the cemetery. At Metro Couronnes or Pyrénées. All of them, on this eternal rock that is endlessly being shattered. And the hours drag by. So slowly when you wait. As if there’s no end. Multiverse. Flashes of youth. Fragments of meteorite.

To all the lovers of the end of the world, here’s a message to pass on: the future is never written. Yet another thing that does not exist. We all create our own reality. It’s not just a game. It’s serious. There’s nothing to win. It’s like that girl over there. A Barbadian. A crazy look. Tight tee-shirt/dress, thigh-high boots, blood-red lips. A telephone saleswoman by day. A singer in sleazy nightclubs by night. Once upon a time, everyone knew her. Now, what has she become? Certainly not what people think.

Dans le domaine scientifique, le multivers désigne l’ensemble des univers possibles dans une théorie physique donnée.

Multivers. Eclats de la jeunesse. Ils ne sont pas. N’ont jamais été le centre de l’univers. Ne le seront jamais. Encore que. Multivers. Eclats de la jeunesse. Fragments de météorite scintillants dans la nuit sidérale. Ils ont les mêmes doutes. S’interrogent. Les mêmes angoisses. Se déplacent à la vitesse de la lumière. Se trompent souvent, d’orbites, de trajectoires, de coordonnées. Refont sans cesse les mêmes calculs, les mêmes erreurs, le même trajet. Commencent à trouver le temps long depuis la capsule de leur fusée. Et se disent qu’au final, tout est toujours pareil. Ils squattent les mêmes endroits, les mêmes lieux de transition. Ils sont aimantés par l’ivresse religieuse des grandes villes. Attirés par le vide, la confusion. Il y a celle qui sort d’un club branché du quartier de Södermalm. Venue se connecter à tout ce qui existe. Et qui ne demande qu’à s’enflammer ; libérer toute cette énergie en pure perte. Et celui qui bosse sept jours sur sept comme commis de cuisine dans l’arrière-salle d’un restaurant de Thessalonique. Il y a celui qui contemple plein d’espoir le coucher de soleil sur la plage de Vridi. Et celle qui hurle Fuck You Christopher Columbus ! à la fin d’un concert. Celui qui s’accroche à l’autre comme une salissure à la coque d’un navire. Qui l’envahit. Le colonise de son amour en voie de disparition. Et celui qui traverse le lycée la tête baissée et les mains dans les poches par crainte de tomber amoureux. Ceux qui regrettent les vacances et le ciel bleu de Calvi derrière le pare-brise dégueulasse d’une bagnole garée sur le parking d’un supermarché. Et ceux qui sèchent l’école dès la sixième pour finir par ne plus aller en cours du tout.

Parce qu’ils ne peuvent plus s’arrêter de jouer. Et que gagner une partie ou même passer un niveau est quelque chose de très gratifiant. Il y a celle qui veut effacer toutes les critiques. Qui veut que ses parents soient fiers d’elle. Celle qui veut prouver au reste du monde qu’elle n’est pas une grosse merde et qui refuse désormais de faire la plonge, passer le balai, déboucher les chiottes. Celle qui s’imagine vendeuse, vétérinaire, avocate, coiffeuse ou secrétaire. Et ceux qui ne veulent plus quitter leur chambre, leur lit, leurs bouquins, leur univers. Ceux qui s’endorment dans les bras l’un de l’autre pour se réveiller un peu plus tard que les autres. Il y a ceux qui fabriquent de la musique et la vendent dans la rue comme on fourguerait de la came en plein jour. Play > Et ceux qui ne sont pas fans de leur flow parce qu’ils portent un uniforme. Celui qui doit prendre trois bus de ligne et marcher durant un bon kilomètre pour venir travailler. Et celui qui se fait frapper et insulter depuis des mois sur les réseaux dans l’indifférence générale. Il y a celui qui vit la nuit. Et dort le jour. Dans une ville Bleu-Blanc-Rouge qui a plus mauvaise réputation que lui. Et celle qui défie toute règle et toute autorité et qui glande toute la journée dans le parc près du cimetière. Métro Couronnes ou Pyrénées. Tous, sur cet éternel caillou qui n’en finit pas de se briser. Et c’est si long. C’est si long d’attendre. On dirait que ça n’en finira jamais. Multivers. Eclats de la jeunesse. Fragments de météorite.

A tous les adorateurs de la fin du monde, ce message à faire tourner : le futur n’est jamais écrit. Encore un truc qui n’existe pas. Chacun fabrique sa réalité. Ce n’est pas juste un jeu. C’est sérieux. Il n’y a rien à gagner. C’est comme cette fille, là. Une Barbadienne. Look improbable. Robe/tee-shirt moulant, cuissardes, lèvres rouge-sang. Vendeuse de téléphones, le jour. Chanteuse dans des boîtes de charme, la nuit. Tout le monde la connaissait. Qu’est-elle devenue à présent ? Certainement pas ce qu’on croit.