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Notice de la Corse

Natacha Wolinski

Translation by Kate Moses


Anton Renborg or the mirages of Corsica

Certain works of art strive to escape cliché. Photographer Anton Renborg grew up in the small town of Örebro in Sweden, but nothing in his calm, incandescent images evokes the darkness and torment of Swedish photography as personified by his elders Christer Strömholm and Anders Petersen. Nor does his vision of Corsica coincide with the chromos we have in mind. Here are no heavenly creeks or picturesque villages, and certainly no color correction exaggerating the natural blue and blaze of light of the “Isle of Beauty.” While beauty is present, it resides in the hazy light that suffuses the images—as if this Swede has been forever dazzled by the mysteries of volcanic land.

Returning to the island every summer for five years, the photographer has captured the yin and yang of a Corsica beyond fishing trips with fluorescent-shorted tourists or landscapes so grandiose that they reduce humans to microscopic proportions. Playing on both detail and panoramic vision, as if the eye were being challenged perpetually to find the right balance, Anton Renborg has gauged the superfluousness of accentuation for contrasts to appear. Without ostentation, his images testify to the shocks of civilization. In one, a young clubber assumes a proud air; in another, a gentleman on horseback appears like a gaucho from an unknown pampa. Here a gleaming luxury yacht; there, a digger at work in a waste collection site. Farther away, the clues of a drama played out in pastels: a wooden cross collapsed at the roadside, a dead tree discreetly stained with red blood…

Nothing prevents us from imagining the worst scenarios behind the apparent tranquility of the photos. Nothing encourages us either, since Anton Renborg has the skill of leaving meaning hanging in the air. Of a territory said to be deeply rooted, he makes a nowhere land of infinite clues and stories. From an eruptive land, he fashions a scene of dust, undergrowth and low clouds dispersing in fluffy billows. With these sometimes enigmatic images, his vision departs from the traditional road trip or travel diary. Rather, he seems to build a visual score with the rhythms, inverted forms and slightly unusual framing that oblige the observer to shift his or her gaze. Anton Renborg was a musician before becoming a photographer, which is no doubt why his uncluttered “compositions” hold a sustained but heady note. Mastering tones and semitones, he has no need to turn up the volume for the world to sing.

Anton Renborg ou les mirages de la Corse

Certaines œuvres s’appliquent à déjouer les clichés. Le photographe Anton Renborg a grandi dans la petite ville d’Örebro, en Suède, mais rien dans ses images calmes et incandescentes n’évoque les ténèbres et les tourments de la photo suédoise incarnée par ses aînés Christer Stromhölm ou Anders Petersen. Quant à la vision de la Corse qu’il nous présente, elle ne coïncide pas davantage avec les chromos que nous avons en tête. Nulles criques paradisiaques. Point de villages pittoresques. Et surtout pas de chromie avantageuse forçant sur l’azur et les flamboiements naturels de l’ile de beauté. Si beauté il y a, elle se loge dans le poudroiement de lumière qui nimbe ces images. Comme si le Suédois était resté une bonne fois pour toutes ébloui devant les mystères de l’ilôt volcanique.

A venir et revenir dans cette île, chaque été, cinq années durant, le photographe a fait rentrer dans son appareil photographique le ying et le yang d’une Corse qui ne se réduit ni aux parties de pêches des touristes à short fluo, ni à la splendeur de paysages si grandioses qu’ils réduisent l’humain à taille microscopique. Jouant à la fois de l’effet de détail et du regard panoramique, comme si l’oeil était au perpétuel défi de trouver la juste équation, Anton Renborg a mesuré à quel point il n’était pas nécessaire d’accuser les contrastes pour qu’ils apparaissent. Ses images attestent, l’air de rien, des chocs de civilisation. Ici une jeune clubbeuse au port arrogant, et là un vieux cavalier aux airs de gaucho, surgi d’on ne sait quelle pampa. Ici le miroitement d’un yacht de luxe et là le ballet d’une pelleteuse dans une déchetterie. Plus loin, les indices d’un drame sous le pastel des couleurs : une croix de bois effondrée en bord de route, un arbre mort discrètement tacheté de rouge sang…

Rien n’interdit d’imaginer, derrière la quiétude apparente des photos, les pires scénarios. Rien n’y invite non plus, car Anton Renborg a l’art de laisser le sens de ses images en suspens. D’un territoire que l’on dit si enraciné, il fait un pays de nulle part, qui démultiplie les pistes et les récits possibles. D’une terre éruptive, il fait un tableau de poussière, de broussailles et de nuages bas qui partent en nuées. Avec ces images parfois énigmatiques, sa vision ne s’inscrit pas dans la tradition du road trip ou du carnet de voyage. Il semble davantage construire une partition visuelle avec des rythmiques d’images, des retours de formes, de légères anomalies de cadrage qui obligent le regardeur à déplacer son regard. Il était musicien avant d’être photographe. Sans doute est-ce la raison pour laquelle ses « compositions » dépouillées tiennent une note ténue mais entêtante. Maîtrisant les tons et demi tons, il est de ceux, manifestement, qui n’ont pas besoin de monter le son pour faire chanter le monde.